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Prologue

"Dans la Valserine, le soleil commence à se cacher derrière les crêtes du Jura. Une étrange compagnie marche en riant et en chantant dans le crépuscule commençant.

<<- Et il avaaiit Raison-on-on, Le monsieur, le monsieur en chemise ! Entonne Arthur.

- Ca y est ! on est arrivé ! s'exclame Lilas.>>

Un Chalet se découpait dans la pénombre en direction du doigt de la jeune fille. Le groupe presse alors le pas. Le bâtiment n'avait en soi rien d'extraordinaire. C'était une ferme dont la porte de grange  occupait une grande partie du mur latéral. Une rampe en béton permettait d'atteindre l'entrée du fourrage. Une porte plus petite servait vraisemblablement d'entrée du côté de la route.

Chapitre 1

L'anneau, le lapin et le grand arbre

Yvan frappe à la porte. Pas de réponse.

<< - On aurait dû s'en douter, il n'y a personne.

- Tu es sûr que c'est ici Loutre ? demande la plus petite du groupe à l'adresse de Lilas

- Certaine Écureuil ! d'ailleurs, regarde, c'est marqué ici : La renfile. >>

Nolwenn, dit Eccureuil, était une jeune fille de 14 ans. Frêle et menue, elle était aussi très agile, ce qui lui avait valu son totem. Lilas quand à elle était une grande perche de 17 ans. Elle ne perdait pas une occasion de faire le clown et de faire rire son entourage.

<< - En tout cas, y'a l'air d'y avoir personne, bougonna Éric. >>

Arthur, lui, regardait un peu partout, dans l'espoir de trouver une clé. On ne sait jamais. D'ailleurs, un objet en métal accrocha son regard. Coincé entre deux pierres, un anneau prenait la rouille. Arthur sortit son opinel et fit jouer la lame dans la fente pour extraire le bijou. Quand il y parvint, il se tourna vers les autres et leur fit part de sa découverte. C'était un anneau sans pierre, et ce qu'il avait pris pour de la rouille était en réalité des liserés de cuivre qui était incrusté dans de l'argent.

<< - Wouahou ! tu me le donnes ? dis furet, tu me le donnes ? Implora Écureuil.

- Attends ! il doit bien être à quelqu'un !

- Allééé, juste pour voir s'il va sur mon doigt ! Promis je le donnerai aux habitants quand ils nous auront ouvert !

- Bon, tiens, vu que ça te fait plaisir. De toute façon, les bijoux, c'est un truc de fille.

- Pas toujours, regarde l'anneau de Sauron plaisanta Lilas.>>

Au même moment, Nolwenn passa l'anneau à son annulaire. Tout le monde sursauta. Plus d'Écureuil ! Nulle part !

<< - Y se passe quoi ?? s'écria Éric

- Nolwenn !! se mis à crier Yvan, t'es invisible comme Fraudon ? Mi-excité, mi-apeuré>>

Mais Ecureuil ne lui répondit pas. Elle ne voyait plus rien. Elle papillonna des yeux pour s'habituer à la pénombre, et commença à distinguer ce qui l'entourait. On dirait un grenier. Elle avait toujours l'anneau au doigt, et mis à part une malle toute cabosser dans un coin, c'était bien le seul objet intéressant de la pièce. Elle s'approcha cependant du coffre, tant intrigué qu'elle ne remarqua pas les cris de ses camarades qui la cherchaient. Quand elle fut assez près, elle ne put s'empêcher d'ouvrir le couvercle. Dedans, une boule en verre de la taille d'un ballon de handball prenait la poussière au milieu d'un tas de vieux papier. Toujours en ignorant les appels de ses amis, elle saisit avec ses deux mains la boule pour la nettoyer et la regarder de plus près.

À l'instant où l'anneau entrait en contact avec le verre, la boule s'illumina de mille point bleuté qui éclaira l'ensemble du grenier.

Dehors, Arthur, Lilas, Yvan et Éric tambourinaient à la porte. Le ciel, qui s'était allumé d'étoile après le départ du soleil, et la lune qui commençait à se lever, s'étaient éteints brusquement, plongeant la vallée dans un noir d'encre.

Nolwenn regarda autour d'elle et remarqua un escalier qui descendait. Elle l'emprunta et se retrouva dans un petit hall dont la porte tremblait sous les coups d'Yvan.

<< - Ne casse pas cette porte Ours ! Attendez, je vais ouvrir, vous allez voir, j'ai trouvé quelque chose d'incroyable !

- Nolwenn ? fit la voix d'Arthur, mais comment es-tu entré ?

- Je ne sais pas, après avoir mis l'anneau, je me suis retrouvé dans le grenier... Zut, il n'y a pas de clé à l'intérieur non plus !>>

- C'est pas bientôt fini ce boucan ? fit une voix derrière Nolwenn.

- HIIIIII ? hurla la jeune fille, plus surprise qu'effrayée.>>

Un lapin roux de belle taille se tenait dans l'encadrement d'une porte qu'Ecureuil n'avait pas remarqué. Il avait l'air vieux, mais plein d'énergie. En tout cas, la lumière de la boule lui faisait froncer ce qui lui servait de sourcil.

<< - Ah, enfin du monde, je vais pouvoir aller faire un tour dehors ! depuis le temps ! J'en avais marre de manger de la paille centenaire !

- Maismaismaismais....

- Tu te prends pour un mouton petite ?

- Maisunlapinquiparlecestpasnormalquestcequisepasseici? bredouilla Nolwenn

- Tu parles bien toi, alors ? Et te déplacer en anneau ou t'éclairer avec une boule pleine d'étoiles, ça ne t'étonne pas plus que ça ?>>

Nolwenn resta sans voix, la bouche ouverte.

<< - Il y a quelqu'un avec toi ? demanda Lilas à travers la porte.

- Heu, oui, un lapin, finit par répondre Nolwenn>>

Les autres se regardèrent, sans comprendre.

<< - Bon, ce n’est pas tout ça, mais si vous voulez entrer, ou faire sortir votre amie, il va falloir faire ce que je vais vous dire, s'impatienta le lapin. Vous autres, dehors, vous avez de la lumière ? Alors, allez derrière le chalet et descendez vers la rivière. Vous verrez un grand arbre. Normalement, il devrait y avoir une clé pas loin.>>

Les quatre amis se regardèrent, puis obtempérèrent, plus curieux de savoir ce qui allait suivre qu'inquiet pour leur amie. Prudemment, à la lumière de leurs torches, ils descendèrent dans le champ à l'arrière du terrain. La nuit sans lune et sans étoile ne les aidait pas à se repérer.

<< - Comment voulez-vous qu'on trouve ce fichu arbre ! et encore, trouver la clé ne sera pas une partie de plaisir dans ce noir ! >>ronchonna Éric.

Mais cela ne l'empêcha pas de suivre les autres, qui agitaient leur lampe pour repérer une masse plus importante que les autres. Ils arrivèrent à des épicéas qui poussaient dans un talus abrupt, le long d'une rivière. Une île se trouvait au centre du torrent, et un arbre majestueux prenait place au centre.

<< - Bon, ben je crois qu'on n’a pas tant besoin de chercher que ça.>> remarqua Arthur.

Ils commencèrent à descendre doucement la pente en faisant attention de ne pas glisser. Soudain, Lilas senti un énorme insecte lui frôler la tête et disparaitre dans un trait jaune.

<< - Vous avez vu ? C’était quoi ça ? J’ai entendu un ricanement ! s'exclama Loutre.

- J'ai rien entendu>>, répondit Yvan, qui passait un moment difficile entre deux souches pour rejoindre les autres qui étaient presque à la rivière déjà.

Mais à peine avait-il fini sa phrase qu'un éclair bleu le déséquilibrait et le fit glisser. Il se retrouva les fesses dans l'eau au pied de ses camarades. Ils entendirent rire dans les fourrés, et des éclairs verts, bleu, jaune, rouge, blanc et violet partirent des buissons en direction du grand arbre.

Nos aventuriers s'approchèrent doucement, bien décidés à trouver cette clé pour ouvrir le chalet. Ils n'avaient pas vraiment envie de dormir dehors. Lorsqu'ils furent plus qu'à quelque pas, le tronc de l'arbre se mit à luire, et ils virent, gravés dans l'écorce, le dessin d'une clé. Ils entendirent rire encore.

<< - Bon, ça va maintenant, vous n'allez pas vous moquer de moi jusqu'à demain matin>> s'impatienta Yvan.

Un petit bonhomme sortit du feuillage de l'arbre et les regarda un moment. Puis, il leur demanda :

<< - Vous venez jouer avec nous ?

- Heu, pas tout de suite s'excusa prudemment Lilas. Nous aimerions trouver la clé pour entrer dans le chalet de la Renfile. Il y a un lapin enfermé dedans, ainsi qu'une de nos amies.

- Rien de plus facile ! dis alors un autre petit bonhomme apparu entre les racines de l'arbre. Il suffit de prendre de la boue de la rivière, puis de la mettre dans le dessin qui est sur le tronc, là.>>

Arthur s'obtempéra. Il mit son pull au sol, plongea ses mains dans l'eau glacée de la rivière, et ressorti de la glaise qu'il étendit sur son pull. Il répéta l'opération, et lorsqu'il fut satisfait de la quantité, referma son pull en baluchon et commença à faire tourner son séchoir improvisé. Il prit ensuite la boule de terre allégé de son eau qui s'était formé dans son pull, approcha du tronc, et avec l'aide d'Éric commença à l'étaler dans la gravure. Une fois qu'ils eurent terminé, le tronc se mit à chauffer autour de la boue. Celle-ci fuma quelque instant, et lorsque la vapeur se dissipa, nos quatre compères regardaient une belle clé en fer. Lilas l'attrapa.

<< - Merci beaucoup ! promis, demain matin nous viendrons jouer avec vous !

- Nous vous attendrons ! nous vous montrerons toutes les terres qu'il y a à explorer et les jeux qu'il y a à vivre dans la vallée !>> dire en coeur six petits bonshommes, chacun brillant d'une couleur différente.

Lilas, Arthur, Yvan et Éric remontèrent alors la pente tant bien que mal, retraversèrent le champ, et arrivé devant la porte, Lilas mis la clé dans la serrure. Elle tourna facilement, et s'ouvrit sur Nolwenn et un lapin roux en pleine discussion, avec entre les deux une boule de verre pleine de point brillant, qui éclairait la pièce.

<< - Ah ! vous avez trouvé ! Bien ! À vrai dire, cela fait tellement longtemps que je n'ai pas pu sortir que je n'étais pas sûr que l'arbre n'ait pas été coupé.

- Il connait plein de choses sur ce Chalet ! il est formidable s'exclama Écureuil en parlant du lapin.

- Oui, hmm, bon, toussota le lapin, gêné. Nolwenn, maintenant, va dehors avec la boule, et enlève l'anneau. Il faut remettre en place tout ça avant que quelqu'un s'en aperçoive.>>

Nolwenn obtempéra et sortit du chalet avec la boule. Au moment où elle enlevait l'anneau, la boule libéra les points bleus qui s'envolèrent dans le ciel. Les étoiles réapparurent alors les unes après les autres, et la lune ralluma son croissant.

<< - Très bien, maintenant, rentrer vous mettre au chaud et prendre une bonne nuit de sommeil !>>

Les cinq amis, émerveillés par leurs aventures, pensèrent d'abord qu'ils n'arriveraient pas à dormir. Mais bientôt, la fatigue les rattrapa, et ils s'endormirent sous l'oeil amusé du lapin.

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